Guide V60 : la recette et les conseils pour un café filtre parfait - Virtus Café

Guide V60 : la recette et les conseils pour un café filtre parfait

Pour de nombreux amateurs de café de spécialité, le V60 est une méthode d'extraction à part entière. Cette méthode si appréciée représente pour beaucoup la porte d'un univers où le café est un produit de terroir, riche de nuances subtiles, florales, fruitées ou épicées. Il symbolise la transition d'une consommation passive à une préparation active et artisanale, un dialogue entre le grain, l'eau et la main de celui qui prépare.

Ce dossier a été conçu comme un voyage complet et pédagogique destiné à tous ceux qui, curieux ou déjà passionnés, souhaitent tout savoir de cette méthode d'extraction. Nous partirons des origines du V60, nées dans le creuset d'une verrerie scientifique japonaise, pour décortiquer l'anatomie de sa conception ingénieuse. Nous vous guiderons dans le choix de votre premier V60 et de l'équipement essentiel qui l'accompagne. Ensemble, nous préparerons votre première tasse parfaite, étape par étape, avant de vous donner les outils pour diagnostiquer et corriger les petites imperfections. Enfin, nous explorerons des techniques plus avancées et situerons le V60 par rapport à ses illustres concurrents. Ce simple cône, qu'il soit en plastique, en céramique ou en métal, avec ses nervures gracieuses qui courent en spirale. Il a quelque chose d'élégant, de minimaliste, presque de sculptural. Comparé aux machines à espresso chromées et complexes, le V60 peut sembler presque trop simple. Et pourtant, ne vous y trompez pas : cet objet est l'instrument de choix des champions du monde de café, des baristas les plus pointus et des amateurs passionnés sur toute la planète, sans oublié les torréfacteurs !

Pourquoi un tel engouement ? Parce que le V60 n'est pas un outil compliqué ; c'est un instrument qui vous offre une liberté et un contrôle quasi absolus sur chaque paramètre de votre café. Il ne pardonne pas l'à-peu-près, c'est vrai. Mais il récompense la précision et l'attention par des tasses d'une pureté, d'une clarté et d'une finesse aromatique inégalées.

L'anatomie d'une extraction parfaite - La conception unique du V60

L'aventure ne commence pas dans un coffee shop, mais dans un laboratoire. Fondée en 1921 à Tokyo, Hario n'était à l'origine pas une entreprise de café, mais un fabricant de verrerie de laboratoire résistante à la chaleur. Son nom même, Hario (玻璃王), signifie "Roi du Verre" en japonais, un titre qui témoigne de son ambition et de son expertise. Pendant des décennies, l'entreprise a perfectionné sa maîtrise du verre borosilicate, un matériau pur, composé de minéraux naturels raffinés comme le sable de silice, le borax et l'alumine, capable de résister à de hautes températures et à des chocs thermiques. Cette expertise dans la fabrication de produits scientifiques, tels que des béchers et des fioles d'Erlenmeyer, a forgé une culture d'entreprise axée sur la précision, la qualité et la fonctionnalité. 

Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, en 1948, que Hario s'aventure pour la première fois dans l'univers domestique du café en lançant son premier siphon à usage familial. Cet appareil, qui mariait déjà l'esthétique du laboratoire à l'art de la préparation du café, a posé les premières pierres de la réputation de Hario sur le marché japonais du café, où l'entreprise est devenue un fabricant de premier plan dès 1967.

Au début des années 2000, le monde du café allait connaître une transformation profonde, un mouvement connu sous le nom de "troisième vague du café" ("third wave coffee") a émergé. Cette nouvelle philosophie mettait l'accent sur le café en tant que produit artisanal de haute qualité, à l'instar du vin. On se mit à valoriser les grains de "pure origine" (single-origin), la traçabilité, les profils de torréfaction clairs qui préservent les arômes subtils du terroir, et les méthodes d'extraction nuancées qui permettent d'exprimer le caractère unique de chaque grain.  

C'est dans ce contexte que Hario a décidé de relancer son projet de porte-filtre conique. Finalement, en 2004-2005, le Hario V60 tel que nous le connaissons aujourd'hui est né. Le timing était cette fois parfait. Les baristas et les amateurs éclairés de la troisième vague cherchaient désespérément un outil qui leur donnerait un contrôle total sur l'extraction. Le V60 leur offrait exactement cela. Sa conception minimaliste et ses caractéristiques uniques permettaient de manipuler chaque variable – température de l'eau, taille de la mouture, vitesse et technique de versement – pour sculpter le profil aromatique de la tasse finale. 

Le V60 n'a pas créé la troisième vague, mais il en est devenu le symbole le plus emblématique. Son génie réside dans trois détails de conception qui, combinés, changent absolument tout.

1. Le "V" et l'angle de 60 degrés

Le nom "V60" est une description littérale de sa forme : un cône en "V" avec un angle de 60 degrés. Cet angle n'est pas anodin. Il est considéré comme optimal car il permet à la mouture de café de former une couche plus profonde et plus épaisse que dans les porte-filtres traditionnels à fond plat ou en éventail. Cette géométrie a une conséquence directe sur l'écoulement de l'eau : elle force l'eau à converger vers le centre du lit de café. Ce faisant, le temps de contact entre l'eau et la mouture est prolongé, ce qui facilite une extraction plus complète et plus homogène des composés aromatiques du café. Cette forme, inspirée d'une simple parabole, est la première pierre de l'édifice qui vise à une extraction efficace et équilibrée.  

2. Le grand trou unique

La caractéristique la plus distinctive et sans doute la plus importante du V60 est son grand trou unique à la base. Contrairement à d'autres drippers qui possèdent plusieurs petits trous pour réguler le débit, le V60 ne possède aucune restriction intégrée. Le papier filtre lui-même, dont la pointe dépasse légèrement, est libre de toute contrainte, permettant une extraction qui se rapproche de celle d'un filtre en tissu.   

Cette conception place la totalité du contrôle du débit entre les mains de l'utilisateur. La vitesse à laquelle l'eau est versée dicte directement le temps d'extraction et, par conséquent, le profil de goût final. Un versement lent et mesuré prolonge le temps de contact, résultant en une tasse plus riche, avec plus de corps et d'intensité. À l'inverse, un versement plus rapide réduit le temps de contact, produisant une tasse plus légère, plus vive et avec une acidité plus prononcée. Cette méthode offre une flexibilité et un potentiel d'expression inégalés, mais elle est également moins indulgente envers une technique de versement imprécise ou inconstante.

3. Les nervures en spirale : assurer un écoulement fluide

Le troisième élément clé de la conception du V60 sont les nervures en spirale qui tapissent l'intérieur du cône. Ces rainures, qui s'étendent du trou inférieur jusqu'en haut du porte-filtre, jouent un rôle crucial mais souvent sous-estimé. Leur fonction première est de créer un espace entre le filtre en papier et la paroi du dripper.   

Cet espace permet à l'air de s'échapper librement pendant que le café infuse. C'est particulièrement important durant la phase de "bloom" (ou pré-infusion), où le café fraîchement moulu gonfle en libérant du dioxyde de carbone au contact de l'eau chaude. Sans ces nervures, le papier filtre collerait à la paroi, créant un effet de vide qui pourrait ralentir, voire bloquer complètement l'écoulement de l'eau. Les nervures en spirale garantissent donc que l'expansion du café n'est pas entravée et que l'eau peut s'écouler de manière fluide et continue, contribuant à une extraction uniforme et à une tasse d'une grande propreté.   

Ensemble, ces trois éléments de conception font du V60 un instrument de précision. L'angle crée les conditions d'une extraction en profondeur, les nervures assurent un écoulement sans entrave, et le grand trou unique supprime toute "opinion" de l'appareil sur le débit. Le V60 ne fait pas le café pour vous ; il vous donne les moyens de le faire vous-même. C'est cette philosophie qui le rend à la fois si exigeant à maîtriser et si profondément gratifiant une fois apprivoisé.

L'équipement du "V60iste" - De l'essentiel à l'idéal

Une fois convaincu par la philosophie du V60, le futur adepte se trouve face à un choix : quel modèle acquérir? Hario a décliné son porte-filtre iconique en une famille de produits variés, offrant différents matériaux et tailles qui ne sont pas de simples choix esthétiques. Chacun possède ses propres caractéristiques et influence subtilement le processus de préparation, notamment en ce qui concerne la gestion de la température, un facteur clé pour une extraction réussie. 

Un matériau pour chaque philosophie

Le V60 est disponible en quatre matériaux principaux : la céramique, le plastique, le verre et le métal.

  • La céramique : 

    Le V60 en céramique est souvent perçu comme le modèle original et le plus authentique. C'est le choix privilégié de nombreux baristas, en partie pour son esthétique et sa robustesse perçue. Son principal avantage est son excellente capacité à retenir la chaleur, garantissant une grande stabilité thermique tout au long de l'extraction. Cependant, cette propriété a un revers : sa grande masse thermique signifie qu'il doit être rigoureusement préchauffé avec une quantité d'eau chaude importante, sans quoi il absorbera la chaleur de l'eau d'infusion, au détriment de l'extraction. Lourd et fragile, il est moins adapté à un usage nomade. Le modèle original en céramique blanche "Arita-yaki" est un hommage à une tradition potière japonaise de 400 ans, ajoutant une dimension historique à l'objet.   

  • Le plastique : Souvent considéré à tort comme une option "bon marché" de moindre qualité, le V60 en plastique est en réalité un champion de la performance thermique et de la praticité. Il est le plus abordable, le plus léger et le plus résistant, ce qui en fait le compagnon de voyage idéal et un excellent point de départ pour les débutants. Contrairement aux idées reçues, ses propriétés thermiques sont exceptionnelles. Étant un mauvais conducteur de chaleur et ayant une faible masse thermique, il n'absorbe que très peu de chaleur de l'eau d'infusion ("slurry"), ce qui permet de maintenir une température d'extraction très stable et constante sans nécessiter un préchauffage intensif. Les modèles Hario sont fabriqués en plastique de haute qualité, sans BPA, dissipant les craintes concernant l'altération du goût.  

  • Le verre : Le V60 en verre est un objet d'une grande beauté, qui offre un spectacle visuel fascinant en permettant d'observer chaque étape du processus d'extraction, du gonflement du "bloom" à la dernière goutte. Fabriqué à partir du même verre borosilicate résistant à la chaleur qui a fait la réputation de Hario, il offre une bonne rétention de chaleur, bien qu'il soit, comme la céramique, fragile et nécessite une manipulation soigneuse.  

  • Le métal :  Disponible en acier inoxydable ou en cuivre, le V60 en métal est le plus durable et le plus robuste de la gamme. Son design élégant et moderne séduit de nombreux amateurs. En tant qu'excellent conducteur thermique, il chauffe très rapidement, mais il peut également perdre cette chaleur tout aussi vite, ce qui peut potentiellement introduire une instabilité de température durant l'extraction si l'environnement est frais. C'est un choix parfait pour ceux qui privilégient la durabilité avant tout, que ce soit en voyage ou dans une cuisine animée.

Choisir la bonne taille

Le système de taille du V60 est simple et logique, basé sur le nombre de tasses que l'on souhaite préparer.   

  • Taille 01 : Idéale pour préparer une à deux tasses (jusqu'à environ 300 ml).
  • Taille 02 : La plus courante, parfaite pour une à quatre tasses (jusqu'à environ 600 ml).
  • Taille 03 : Conçue pour des préparations plus importantes, de trois à six tasses (jusqu'à environ 1 L).

Il est conseillé de choisir la taille qui correspond le mieux à la quantité de café que l'on prépare habituellement. Utiliser un dripper trop grand pour une petite quantité de café peut affecter la dynamique de l'extraction et la stabilité thermique.

Le V60 et compagnie

Le Hario V60, malgré sa simplicité, est le cœur d'un écosystème. La qualité de la tasse finale ne dépend pas uniquement du porte-filtre, mais de l'ensemble des outils qui l'accompagnent. Pour véritablement exploiter le contrôle que le V60 offre, trois instruments sont considérés comme non négociables par les experts : une bouilloire à col de cygne, un moulin à meules et une balance de précision. Cet arsenal n'est pas un signe de snobisme, mais l'interface nécessaire pour maîtriser les variables fondamentales de l'extraction : la précision de l'application de l'eau, l'uniformité de la mouture et l'exactitude de la recette.   

La bouilloire à col de cygne

Tenter de préparer un V60 avec une bouilloire standard, c'est comme essayer de peindre une miniature avec un rouleau. Le versement est trop large, trop rapide et trop turbulent, rendant impossible une saturation homogène de la mouture. La bouilloire à col de cygne (ou "gooseneck kettle") est donc un outil indispensable.   

  • Précision du versement : Son bec long, fin et courbé permet de délivrer un filet d'eau lent, stable et précis. Ce contrôle est crucial pour la méthode V60, car il permet de verser l'eau exactement où l'on veut, de réaliser des cercles concentriques parfaits et de gérer l'agitation du lit de café, assurant ainsi que toute la mouture est extraite de manière égale.   

  • Contrôle de la température : De nombreux modèles modernes sont électriques et équipés d'un thermostat, permettant de chauffer l'eau à une température précise et de la maintenir. C'est un atout majeur pour la constance et la répétabilité. La plage de température idéale pour le V60 se situe généralement entre 92°C et 96°C. Une eau trop chaude risque de "brûler" le café et d'extraire une amertume excessive, tandis qu'une eau pas assez chaude ne parviendra pas à extraire toute la complexité des arômes, résultant en une tasse acide et sous-développée.

Le moulin à meules : 

Si le café en grains est l'âme de la boisson, le moulin en est le cœur. La fraîcheur est primordiale : un café perd rapidement ses arômes les plus volatils une fois moulu. Il est donc fortement recommandé de moudre ses grains juste avant la préparation. Mais plus important encore est le type de moulin.   

  • Le moulin à lames (à éviter) : Cet appareil peu coûteux utilise une lame qui tourne à grande vitesse pour pulvériser les grains. Le résultat est une mouture très hétérogène, un mélange de grosses particules (qui seront sous-extraites et apporteront de l'acidité) et de poudre très fine (qui sera sur-extraite et apportera de l'amertume).
  • Le moulin à meules (essentiel) : Cet outil utilise deux meules (coniques ou plates) pour écraser les grains de manière uniforme. En ajustant l'écart entre les meules, on peut obtenir une taille de particule très homogène, ce qui est le fondement d'une extraction équilibrée et réussie. Pour le V60, une mouture de taille moyenne-fine est généralement recommandée.

La balance de précision avec chronomètre

Le café est une affaire de chimie, et la chimie est une science de mesures. Préparer un café "à l'œil" est le meilleur moyen d'obtenir des résultats inconstants. La balance numérique, idéalement dotée d'un chronomètre, est l'outil qui permet de passer de l'approximation à la précision.  

  • Le ratio café/eau : La balance permet de peser avec exactitude la dose de café en grains et la quantité totale d'eau utilisée. Le rapport entre ces deux mesures, appelé "ratio", est l'un des piliers de toute recette de café.   

  • Le temps d'extraction : Le chronomètre intégré permet de suivre la durée de chaque étape (pré-infusion, versements) et le temps d'extraction total. Ces données sont essentielles pour pouvoir reproduire une bonne tasse ou pour ajuster méthodiquement une recette qui ne donne pas satisfaction.

Les filtres : blanchis ou non blanchis, l'importance du rinçage

il existe deux principaux types de filtres en papier pour le V60 : les blancs (blanchis) et les bruns (naturels ou non blanchis).   

  • La différence : Les filtres non blanchis ont été introduits pour des raisons écologiques, car leur processus de fabrication n'utilise pas d'agents de blanchiment comme le chlore. Cependant, leur contrepartie est un goût de papier et de bois beaucoup plus prononcé. Les filtres blanchis (généralement par un processus à l'oxygène, plus respectueux) sont beaucoup plus neutres.  Notre choix se dirigera vers le filtre blanchi.

  • Le rinçage : une étape non négociable : Quel que soit le type de filtre choisi, il est impératif de le rincer abondamment à l'eau chaude avant d'y déposer le café. Cette étape a un double objectif crucial : premièrement, elle élimine tout goût résiduel de papier qui pourrait contaminer la boisson ; deuxièmement, elle préchauffe le porte-filtre et la carafe, assurant une meilleure stabilité thermique lors de l'infusion.  

  • Le verdict pour les débutants : Des tests comparatifs ont montré qu'il faut nettement plus d'eau pour rincer correctement un filtre non blanchi (plus de 120 ml) qu'un filtre blanchi (environ 90 ml) pour éliminer les goûts parasites. Pour un débutant, il est donc plus simple et plus sûr de commencer avec des filtres blanchis, qui offrent une plus grande neutralité et constance.

 

Votre première tasse parfaite - Le guide de préparation V60 pour débutants

Armé de votre équipement et de vos connaissances, le moment est venu de vous lancer et de préparer votre première extraction. N'ayez crainte, le processus est un rituel agréable et les résultats sont rapidement gratifiants. Nous allons suivre une recette de base, simple et fiable, qui constitue un excellent point de départ pour la plupart des cafés. L'objectif est de vous donner une base solide que vous pourrez ensuite ajuster selon vos goûts.

La recette de base

Cette recette est une synthèse des recommandations les plus courantes et vise un équilibre entre clarté et corps.

  • Dose de café : 15 grammes  
  • Quantité d'eau : 250 grammes (ou 250 ml)    
  • Ratio café/eau : Environ 1:16.6, un "ratio d'or" classique    
  • Taille de la mouture : Moyenne-fine, semblable à du sucre en poudre
  • Température de l'eau : Entre 92°C et 96°C. Si vous n'avez pas de bouilloire à température contrôlée, portez l'eau à ébullition puis laissez-la reposer environ 45 à 60 secondes  
  • Temps d'extraction total visé : Entre 2 minutes 30 et 3 minutes 30  

 

Comment faire ? Etape par étape

Suivez ces étapes dans l'ordre pour une préparation réussie. Prenez votre temps, chaque geste compte.

1. Préparation et rinçage

  • Faites chauffer votre eau à la température souhaitée (93°C est un bon point de départ).
  • Placez le filtre en papier dans le V60, posez l'ensemble sur votre carafe.
  • Pliez le filtre en papier le long de sa couture, placez-le dans le V60 et ouvrez-le en forme de cône. 
  • Rincez abondamment le filtre avec de l'eau chaude, en vous assurant de mouiller toute la surface. Cette étape est cruciale pour éliminer le goût de papier et préchauffer votre matériel.  
  • Videz l'eau de rinçage de la carafe ou de la tasse.

2. Mouture et ajout du café

  • Pendant que l'eau chauffe, pesez précisément 15 grammes de café en grains.
  • Moulez le café avec une mouture moyenne-fine.
  • Placez votre ensemble (carafe + V60 avec filtre rincé) sur votre balance et tarez (remettez à zéro).
  • Versez le café moulu au centre du filtre.
  • Secouez doucement le V60 pour niveler le lit de café. Vous pouvez aussi créer un petit puits au centre avec votre doigt pour faciliter une saturation uniforme lors de la prochaine étape.   

3. La pré-infusion (Le "Bloom")  

  • Démarrez votre chronomètre et versez doucement mais rapidement et de manière circulaire une quantité d'eau correspondant à deux ou trois fois le poids de votre café (ici, entre 30g et 45g). Assurez-vous de mouiller toute la surface de la mouture de manière homogène. Commencez au centre et progressez vers l'extérieur.
  • Laissez le café dégazer pendant 45 secondes. Vous verrez des bulles se former à la surface ; c'est le dioxyde de carbone qui s'échappe, permettant une extraction plus homogène par la suite.
  • Cette phase de dégazage prépare le café à une extraction uniforme. Si vous versez toute l'eau d'un coup, les bulles de CO2 qui s'échappent repousseront l'eau, empêchant un contact optimal entre l'eau et les particules de café. Le résultat serait une sous-extraction et un goût acide.  
  • Laissez le café "fleurir" pendant 30 à 45 secondes.

4. Le versement principal

  • À 45 secondes, reprenez votre versement. Une fois le "bloom" terminé (le lit de café a cessé de gonfler), commencez le versement principal.
  • Versez lentement et en spirale (du centre vers l'extérieur et inversement) jusqu'à atteindre 150 grammes au total sur la balance. Essayez de maintenir un débit constant et évitez de verser directement sur les parois du filtre.
  • Pour un meilleur contrôle, il est conseillé de diviser ce versement principal en plusieurs "impulsions". Laissez le niveau d'eau baisser légèrement, puis commencez le dernier versement. Par exemple, après le bloom, versez jusqu'à 150g, attendez quelques secondes, puis versez le reste de l'eau jusqu'à 250g. Cela maintient un niveau d'eau constant dans le dripper et favorise une extraction homogène.  
  • L'objectif est de terminer ce versement autour de 1 minute et 45 secondes.

5. Le "Drawdown" et la dégustation

  • Une fois que vous avez versé toute votre eau, laissez-la s'écouler complètement à travers le lit de café. C'est ce qu'on appelle le "drawdown".
  • Le chronomètre devrait indiquer entre 2:30 et 3:30 lorsque l'écoulement est terminé.   
  • Retirez le porte-filtre V60 de la carafe. Jetez le filtre et le marc de café.
  • Avant de servir, donnez une légère rotation à la carafe pour homogénéiser les arômes du café, car l'extraction n'est pas la même au début et à la fin.  
  • Servez et dégustez. N'hésitez pas à laisser le café refroidir légèrement. De nombreux arômes subtils ne se révèlent pleinement qu'à une température plus basse, autour de 60°C.   

Félicitations, vous avez préparé votre premier V60 !

Chaque café est une nouvelle expérience. Le plus important est de prendre du plaisir dans ce rituel et d'apprendre à connaître vos propres préférence.

Diagnostiquer et corriger sa tasse

Votre première tasse n'est pas parfaite ? C'est normal ! C'est même une bonne nouvelle : vous allez apprendre. Même les baristas les plus expérimentés ne réussissent pas chaque tasse à la perfection. Le V60, avec le grand contrôle qu'il offre, est un outil d'apprentissage formidable. Chaque tasse, qu'elle soit délicieuse ou décevante, est une source d'information. Comprendre pourquoi un café a un certain goût est la première étape pour pouvoir l'améliorer. La plupart des problèmes de goût dans le café filtre se résument à deux concepts clés : la sous-extraction et la sur-extraction.

Voici comment diagnostiquer les problèmes les plus courants.

  • Scénario 1 : "Mon café est amer, sec, il laisse une sensation râpeuse au fond de la gorge."
    • Diagnostic : C'est une SUR-EXTRACTION. Vous avez extrait trop de composés, y compris les plus amers.
    • Que faire ? moudre plus grossièrement. Si le temps de contact est trop long, l'eau continue d'extraire des composés du café. Après avoir dissous les acides et les sucres, elle commence à extraire les composés plus lourds et moins solubles, qui sont majoritairement amers et astringents. La cause probable est que l'eau a stagné trop longtemps dans le lit de café. C'est la solution dans 90% des cas. Votre temps d'extraction total était probablement supérieur à 3:30. En grossissant la mouture, vous le réduirez.
    • Utilisez une eau un peu moins chaude (passez de 96°C à 93°C).

 

  • Scénario 2 : "Mon café est acide (un goût aigre, de vinaigre), il semble aqueux, sans corps."
    • Diagnostic : C'est une SOUS-EXTRACTION. L'eau est passée trop vite et n'a pas eu le temps de dissoudre les sucres et les bonnes saveurs.
    • Que faire ? moudre plus finement. Les composés acides du café sont les premiers et les plus rapides à se dissoudre. Si le temps de contact entre l'eau et le café est trop court, l'extraction s'arrête avant que les sucres et les composés plus complexes (qui apportent le corps et l'équilibre) n'aient eu le temps d'être dissous. Vous ne goûtez alors que l'acidité, sans la douceur pour la contrebalancer. La cause probable est que l'eau a traversé le lit de café trop rapidement Votre temps d'extraction était sûrement inférieur à 2:30. Une mouture plus fine ralentira l'eau et augmentera le temps de contact.
    • Assurez-vous que votre eau est assez chaude (au moins 93°C).

L'indice visuel : Après l'extraction, regardez votre lit de café dans le filtre. Est-il plat et uniforme ? C'est le signe d'un versage doux et maîtrisé. Est-ce qu'il y a un trou au milieu et beaucoup de café collé sur les parois ? Votre versage a probablement été trop agressif. C'est un élément à maitriser et corriger également.

 

Conclusion

Le V60 est un instrument qui, en échange d'un peu d'attention, vous connecte de manière intime à votre café. Il vous apprend à écouter, à observer et à goûter. Une fois que vous maîtriserez cette recette de base, un monde de variables s'ouvrira à vous : jouer avec les ratios, expérimenter des recettes à plusieurs versages…

Mais ne brûlez pas les étapes. Ne visez pas la perfection dès le premier jour.<, rien de plus décourageant… Appréciez l'expérimentation et l'apprentissage. Visez le plaisir, la curiosité. Lancez-vous, suivez ce guide, goûtez le résultat, et n'ayez pas peur d'ajuster un seul paramètre à la fois pour votre prochaine tentative.

La meilleure tasse de V60 au monde n'est pas celle d'un champion à l'autre bout de la planète. C'est celle que vous préparerez demain, dans votre cuisine, et qui sera encore un peu meilleure que celle, déjà délicieuse, d'aujourd'hui.

 


 

Foire Aux Questions (FAQ) sur le V60

J'ai suivi la recette à la lettre, mais mon temps d'extraction est beaucoup trop long (ou trop court). Pourquoi ?

C'est le problème le plus courant et il vient quasi systématiquement de la même source : votre moulin à café et donc votre mouture.

  • Si le temps est trop long (> 3:30) : Votre mouture est trop fine. Même si elle ressemble à du "sel fin", chaque moulin est différent. Essayez de régler le vôtre sur un cran plus grossier. Une autre cause, plus rare, peut être un moulin de moins bonne qualité qui produit beaucoup de "fines" (des micro-particules de café) qui viennent colmater le filtre et ralentir l'écoulement.
  • Si le temps est trop court (< 2:30) : Votre mouture est trop grosse. Réglez simplement votre moulin sur un cran plus fin. Le V60 est un excellent outil pour "calibrer" votre moulin. Une fois que vous trouvez le réglage qui vous donne le bon temps d'extraction avec la recette de base, vous avez trouvé votre mouture de référence pour le café filtre !

Est-ce que le type de filtre en papier (blanc ou naturel/marron) change vraiment quelque chose ?

Oui. Je recommande toujours les filtres en papier blanc (blanchi). Les filtres "naturels" (de couleur marron) ne sont pas "plus écologiques" ; ils n'ont simplement pas été rincés de leur lignine après fabrication. Ils peuvent transmettre un goût de papier et de carton très prononcé à votre café, même après un bon rinçage. Les filtres blancs sont blanchis (le plus souvent à l'oxygène, un processus propre) et sont beaucoup plus neutres en goût, respectant ainsi la délicatesse des arômes de votre café.

J'ai raté mon versage et créé un "cratère" dans mon lit de café. Ma tasse est-elle fichue ?

Pas forcément ! "Fichue" est un grand mot. Sera-t-elle la meilleure tasse de votre vie ? Probablement pas. Ce "cratère" est le signe d'une extraction inégale. L'eau s'est engouffrée par ce canal (on appelle ça le "channeling"), sur-extrayant le café sur son passage et en sous-extrayant d'autres parties. Votre tasse risque d'être un mélange un peu confus de notes amères et acides. Considérez-la comme une tasse d'apprentissage et un fabuleux moyen d'éduquer vos papilles. La prochaine fois, concentrez-vous pour verser de moins haut et avec un débit plus doux et constant.

Peut-on faire plus d'une tasse à la fois avec un V60 ?

Oui, c'est tout à fait possible, mais cela demande un ajustement. On ne peut pas simplement doubler les quantités (ex: 30g de café pour 500g d'eau) en gardant la même finesse de mouture. Pourquoi ? Parce que le lit de café sera plus haut, et l'eau mettra mécaniquement plus de temps à le traverser, ce qui risque de créer de la sur-extraction. La règle générale : quand vous augmentez la dose de café, vous devez moudre légèrement plus grossièrement pour compenser et viser un temps d'extraction final similaire (autour de 3:30 - 4:00 pour 500g). Je le rappelle : Expérimentez ! Et faites comme moi, notez vos recettes.

Quel type de café est le plus adapté au V60 ?

Le V60 est un révélateur de finesse. Il excelle avec les cafés aux profils aromatiques clairs, complexes et à l'acidité brillante. Il est donc le partenaire idéal des cafés africains lavés (Éthiopie, Kenya, Burundi, Rwanda) pour leurs notes florales et d'agrumes. Il sublime aussi les cafés d'Amérique Centrale et du Sud de haute altitude (Colombie, Pérou, Costa Rica) qui ont des notes de fruits à noyau et une belle sucrosité. Il est moins recommandé pour les cafés très corsés aux notes terreuses (comme certains cafés de Sumatra) dont le corps puissant serait mieux mis en valeur par une méthode par immersion comme la cafetière à piston. Le niveau de torréfaction est également à prendre en considération. Une torréfaction plus claire que pour un espresso sera privilégiée et, idéalement, précisée par votre torréfacteur comme Virtus Café.

Je vois des baristas faire des pauses et verser en plusieurs fois. Quel est l'intérêt ?

Vous entrez dans le monde des recettes avancées ! Le fait de fractionner le versage principal en plusieurs petites étapes (par exemple, verser jusqu'à 150g, attendre que le niveau baisse, puis verser les 100g restants) permet de contrôler l'agitation du lit de café et la température de la "slurry" (le mélange eau-café). Certaines méthodes, comme celle de Tetsu Kasuya (la méthode 4:6), utilisent ce principe pour influencer directement la perception du corps et de la sucrosité de la tasse finale. C'est une excellente piste d'expérimentation une fois que vous maîtrisez parfaitement la recette de base à versage unique.

Mon café est bon, mais un peu trop intense à mon goût. Que faire ?

Vous avez une option très simple et utilisée par de nombreux professionnels : le "bypass". Préparez votre café normalement, par exemple avec 15g de café pour 220g d'eau au lieu de 250g. Votre extraction sera plus concentrée. Une fois la tasse prête, ajoutez simplement les 30g d'eau chaude restants directement dans la carafe. Vous diluez ainsi la boisson finale pour atteindre l'intensité souhaitée, sans altérer la qualité de l'extraction elle-même. C'est une excellente astuce pour ajuster la force de votre café à votre goût personnel.

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